The Artist (2011) #2012# : Pour être tout à fait honnête, je ne comptais pas le revoir avant un long moment. Surtout parce que tout ce qui a été fait autour risquait de me faire moins aimer que la première fois (alors que j'avais déjà été très déçu). Sauf que j'avais promis à un ami de le lui montrer, et, préférant lui montrer celui-ci à d'autres...

Et il y a un avantage aux secondes visions, et c'est même pour ça que je préfère souvent voir deux fois un même film : on sait à quoi s'attendre.

Vous dire que cette seconde vision m'a enchanté comme peu de films m'ont enchanté ces derniers temps relèverait de l'euphémisme.

Ce film fourmille de séquences toutes plus belles les unes que les autres. Evidemment, quand on fait un film muet, il faut trouver d'autres moyens pour raconter une histoire. Et ici, The Artist a réussi tous ses paris :

L'interprétation est géniale. On ne le dira jamais assez, Dujardin n'a en aucun cas volé ses récompenses. Il est magistral. Il fait passer du rire aux larmes et fait preuve d'un catalogue aussi varié que très bon. Bérénice Béjo, qui n'a jamais été aussi belle, donne un vrai côté innocent au film. Ensemble, ils forment un couple qui montre que l'on peut encore, en 2012, raconter une histoire d'amour qui n'est ni ridicule, ni énervante, mais juste magnifique. Entre cette histoire d'amour, et celle quasi muette de Drive, on peut dire qu'on a été gâtés de ce côté-là en 2011. Et on ne parlera pas des excellents seconds rôles...

La musique... Quelle musique... Quel score incroyable. Ecoutez-le en dehors du film. Ce score raconte une histoire, tout seul, et n'a pas besoin des images pour la raconter. Et c'est évidemment l'histoire du cinéma qu'il raconte, rendant ici et là d'excellents hommages aux grands orchestres d'antan. Et chaque musique éveille en soi un souvenir, le souvenir d'une scène en particulier, souvent. Ce score est magistral, Ludovic Bource a été incroyable sur ce travail. Il l'avait déjà été avec le second OSS 117, fabuleux hommage à North by Northwest, mais là...

Et enfin, la réalisation... The Artist est une succession de scènes toutes plus belles, émouvantes, et magnifiques, les unes que autres. On découvre ici une maîtrise chez Hazanavicius qu'il n'avait pas forcément pu exprimer avec les OSS. Il ne se contente pas des acteurs et de la musique pour raconter son histoire, il la raconte avec ses images. Ici, un plan tordu qui montre le chaos dans la tête du personnage principal, totalement perdu dans ses cauchemars. Là, des plans très rapprochés montrant aux spectateurs les pensées intimes des personnages. Au milieu, une scène formée de plusieurs travellings latéraux qui, sans un seul panneau, arrivent à montrer l'amour grandissant, et même l’obsession, du héros pour son héroïne. Et que dire de la séquence finale...

Je crois, ou du moins j'aime le croire, que tout réalisateur aspire à réussir à raconter une histoire juste avec sa caméra. Qu'il n'a pas besoin de paroles, de trop d'artifices, mais seulement de sa caméra, et de tout ce qu'il peut faire avec. C'est aussi ça que j'avais adoré avec Drive. Il n'y a que très peu de paroles dans ce film, et pourtant, on y croit. Et la comparaison n'est pas anodine, tant Cannes 2011 aura su montrer au monde les talents incroyables de Winding Refn et d'Hazanavicius. En tout cas, ce dernier a atteint ici son but. Il a raconté une magnifique histoire, sans artifice, juste avec son coeur, et le métrage n'en est que plus authentique et touchant.

Après, évidemment qu'après un chef d'oeuvre - ce film n'est pas seulement le chef d'oeuvre de son auteur, c'en est un - tous ces gens seront attendus au tournant. Peut-être que certains se ramasseront, comme Dujardin, que d'autres avec moins de pression comme Bource continueront à émouvoir nos oreilles, mais j'ai grand espoir que Michel Hazanavicius continue à nous émerveiller, à nous montrer que le cinéma a encore des choses à montrer et à redécouvrir en 2012. Même s'il n'invente évidemment rien, il redécouvre, et nous fait redécouvrir ce type de films qui n'a été que trop éphémère à mon goût mais qui pourtant fourmille de tant de chef d'oeuvres qui ont codifié leurs genres respectifs. Et j'ai espoir que Michel Hazanavicius nous offre d'autres pareilles oeuvres, aussi belles, aussi authentiques, aussi ébouriffantes. Mais surtout, et c'est le plus important, des oeuvres à ce point intemporelles.

Je lisais un chapitre de La parade est passée de Kevin Bronlow qui racontait qu'on ne pouvait plus faire de comédies comme à l'époque du muette car le système ne le permettait pas : trop de contrôles, trop de préparation, pas assez de spontanéité.

C'est mignon tout plein, The Artist, je ne dis pas. Et puis, oui, cela reste intéressant de voir que c'est finançable. Mais faut pas se leurrer : c'est un film muet parmi les 50000 films sortis ces 10 dernières années. Et puis, c'est aussi fait avec un cast franco-américain pas piqué des hannetons, hein.

C'est une exception. Une jolie, certes, mais je ne pense pas qu'il faille pour autant grimper aux rideaux pour autant.

A la rigueur, je suis content de voir que ça relance une curiosité pour le cinéma de Murnau, Lang et consorts des années 20 à fin 30. Mais c'est tout, 2012 ou pas.

C'est un joli hommage, mais il y a bien des choses auxquelles le film rend hommage qui lui sont ô combien supérieur. Et si on me demandait s'il faut voir The Artist ou non, je conseillerais plutôt de voir les films dont il s'inspire.

Alors, parler de chef d'oeuvre à tout va pour le film me parait un poil de trop.Je ne dis pas qu'il n'est pas méritant, loin de là. Juste que ça reste un hommage poli de bon élève.

Il dit aussi que le cinéma était d'abord un art avant d'être une machine à tunes. Y'a un chapitre sur les cascadeurs de l'époque qu'est vachement intéressant dans le bouquin.Tu dois être un bon accroché du cinoche pour lire ça

Billy Wilder rendait déjà un hommage magistral au cinéma muet avec Sunset Boulevard et pour le coup c'est bien plus un chef d'oeuvre que The Artist.

Au passage si vous voulez voir un bon film muet fait en 2007 je vous conseille La Antena, film argentin trouvable dans toutes les bonnes crèmeries!

Non mais vous comprenez pas.

Sunset Boulevard, c'est en quelle année, déjà ?

Quand, en 2012, t'as choix entre un film en 3D, un remake, ou une ressortie (ou les trois avec Titanic), dans ton cinéma qui préfère passer ces films-là plutôt que les quelques films intéressants par mois qui se taperont 10 salles, et qu'au milieu, t'as un petit frenchie qui arrive et qui te sort The Artist, on ne peut qu'être heureux quant à sa réussite face à un Scorsese qui essaye de se renouveler (on va dire) mais qui ne renouvèle en rien le cinéma d'aujourd'hui, pour ne citer que lui.

Je reste persuadé que Michel Hazanavicius a, avec son film, ouvert des portes à bon nombre d'amoureux du cinéma qui ne pouvaient pas faire leur film, faute de moyens et d'ambition des producteurs.

Evidement qu'il n'a rien inventé, j'ai pas arrêté de le dire dans ma critique. Evidemment que ça ne vaut pas un Murnau ou un Lang. Mais merde que c'est authentique et vrai... De combien de films peut-on dire ça sur les films sortis les années passées ? Enfin un gars qui n'est pas un vendu, qui fait un film pour montrer son amour du cinéma, qui prend le risque de n'être vu que par des amoureux du cinéma, et qui gagne des prix pour !

A un moment, faut aussi arrêter de tout analyser et de tout décortiquer, de dire que c'était mieux avant ("bonjour, on enfonce des portes ouvertes") et que The Artist est moins bon que ce à quoi il rend hommage. Il n'a jamais eu la prétention de dépasser ses prédécesseurs, de les surclasser. Juste de leur rendre un hommage...

Je crois pas que Tarantino, par exemple, même dans son infime prétention, croit réinventer le cinéma ou surclasser Leone avec Kill Bill 2, ou prochainement avec Django Unchained, par exemple.

Et tenia, je commence vraiment à avoir l'impression que t'as perdu ton âme d'enfant, que t'arrives plus à être émerveillé par du vrai cinéma, du cinéma pur...

Freshos, tu utilises l'expression « chef d'oeuvre » en parlant de ce film, viens pas te plaindre qu'on te réponde « faut pas déconner ».

Ça a l'air nul.

Voilà.