Euh sérieux, là non. Honnêtement. Je vois pas.

Rassure-moi, c'est pas toi qui as couché avec mon ex ?

Ah mais c'est leur problème, mais je pense qu'ils peuvent comprendre que j'étais honnête en disant que tu avais une plus grande culture cinématographique que moi.

"L'avoir mis au sol" c'était plus une métaphore (je sais que tu en es friand, petit coquin), ou une hyperbole (tu pourras l'utiliser pour ta prochaine phrase assassine sur Spring Breakers). T'étais dans la posture du genre "qu'est-ce que tu réponds à ça hein ? Je t'ai bien eu, mon salaud."

Quand tu t'octroies le droit de dire que c'est nul et que tu ne souffres pas que quelqu'un puisse le trouver non pas "bien" mais "pas mal" et certaines scènes "cool".

Si tu le dis...

Tu me connais assez bien (on a déjà eu cette discussion) pour que je ne prenne pas le faire du Riolo comme une insulte. J'aime ce gars même s'il est aux antipodes de moi politiquement et en plus qu'il supporte l'équipe que je hais le plus au monde.Tu reprochais au film de pas être intelligent (je te cite sinon tu vas me sortir que je ne lis pas "Intelligent ? Rien que ça..."), alors j'ai essayé de référencer un peu le débat. Peut-être qu'on ne partage pas les mêmes, mais pour moi elles ont un sens, une portée, de même que de simples mots.

Il a mûri voyons.

Bah tu trouves pas le film nul nul nul. Juste que tu trouves qu'on l'encense trop.

Oui, sûrement.

J'avais l'impression que tu disais que je voulais juste être toujours à contre-courant.

Mais si qqun avait dit que c'était une merde sans nom, j'aurais rien défendu

C'est pas faux. J'aurais du me taire, j'ai lu votre débat en diagonale.

To The Wonder :

Incomplet. Imparfait. Inabouti.

To The Wonder semble être un prolongement, un spin-off de The Tree of Life, reprenant notamment ses visuels, ses méthodes de mises en scène, ses cadrages à fleur de peau.Sauf que le film manque de ce qui permettait à The Tree of Life de fonctionner : un courant qui faisait avancer le film, peu importe les détours du montage, qui faisaient sens et n'empêchaient jamais le récit de continuer de se dérouler.

The Tree of Life, c'était comme une rivière : même si c'est tortueux, il y a un courant.Là, tout n'est que succession de vignettes constamment interrompues par un montage qui semble maladroit, mais qui ne fait que ressortir l'absence de véritable moteur narratif.

Attention, qu'on me comprenne bien : évidemment, je n'attends pas de To The Wonder un truc narrativement balisé, bien carré, clair et tout. Mais le manque constant de motivation finit par lasser, ennuyer.

On semble sauter du coq à l'âne sans discontinuer, d'un endroit à un autre, d'une femme à une autre, avec ces personnages ne dépassant jamais l'esquisse, mais toujours en mouvements, à pied, en voiture, en train, en métro, en avion. Les sentiments vont et viennent, les lieux s'alternent, les rideaux passent de blanc à noir, et les étendues d'eaux au départ sans limite deviennent étroites et empoisonnées.Certes, mais où vont donc ces personnages ? Pourquoi brassent-ils tant de vide ?

Parce qu'ils s'ennuient, parce que l'ennui d'Affleck attire le désintérêt, l'attise, et ce désintérêt finit par être le nôtre. Impossible de saisir les émotions, impossible de capter la tendresse qui lui est offerte, de s'ouvrir, tout cela finit par devenir invariablement froid, distant, refermé sur soi-même.

Malick ne fait constamment qu'esquisser : un semblant de travail mais cela ne sert à rien vu que ça n'aboutit à rien, 3-4 personnages (la fillette insupportable, le flirt d'enfance, le prêtre, l'Italienne qui sort du nulle part et y retourne aussi sec) qui sortent aussi vite qu'ils entrés, pour un impact quasi nul, des figurants aussi inutiles qu'inintéressants.

Au final, le problème du film, c'est aussi son couple principal, à l'alchimie quasi nul, avec Affleck mono-expressionniste, Kurylenko sautillant en boucle, mais filmés et joués de manière distante.

Rarement face-à-face, tournant l'un autour de l'autre dans des mouvements souvent commencés, rarement finis, les personnages errent plus qu'ils n'existent, ce qui pourrait fonctionner si tout cela ne finissait pas par laisser à une distance poliment ennuyeuse toute création d'émotion, d'autant plus que les questionnements existentiels de Malick n'ont rarement été écrits avec une telle naïveté quasi puérile (le monologue de Bardem en fin de film est quasi involontairement hilarant, mais surtout presque insupportable).

C'est dommage car visuellement et thématiquement, To The Wonder aurait pu être grand, très grand, autant au moins que Le nouveau monde ou The Tree of Life. Il est évident que visuellement, le film est invariablement supérieur à 95% des productions actuelles, et que la très grande majeure partie du film pourrait être tiré en poster tant c'est magnifique.

Mais ça ne suffit pas et, faute de direction, l'ensemble finit par se mordre la queue, jusque dans sa construction finale qui, si elle bouclait la bouche dans The Tree of Life, finit plutôt ici par simplement tourner en rond.

Restent une poignée de moments qui surnagent, aériens et fluides, comme cette montée finale avant l'épilogue, enfin digne de son prédécesseur.