Oh, il est mignon, il se croit seul à aller au théâtre.

C'est pas de ma faute si Le Prénom est une pièce de théâtre (et donc se passe dans un salon et une cuisine) et que son adaptation cinématographique a pour son matériau de base, mise en scène et écriture théâtral. Pourtant moi quand je vois Carnage, il y a beau avoir un canapé, je parle pas de théâtre filmé. Et je dis pas que la mise en scène au théâtre s'arrête simplement à des entrées et sortie (ou des positionnements sur scène), mais tout n'est pas transposable au cinéma ou en tout cas pas mise en valeur de la même manière.

Et donc quand je parle de champ/contre-champ, c'est déjà pour souligner le manque d'idée cinématographique (et qui donc se repose sur son matériau brut). Parce qu'autant, c'est parfois nécessaire de faire du champ/contre-champ autant quand tu fais ça pendant 1h30, ya un problème. Et ensuite si le champ/contre-champ n'est pas une pratique théâtral, c'est en tout cas une habitude de captation théâtral.

Par exemple (et puisqu'on a décidé d'utiliser des arguments d'autorité), samedi j'ai fait une captation sur une pièce et au milieu il y a une grosse scène de dispute, chacun d'un coté d'une table. Et (oh miracle!) qu'est-ce qu'on a décidé de faire ? Un champ/contre-champ. Parce qu'on a pas trop le choix et qu'on voulait resserrer au maximum le plan à ce moment là pour rendre compte de l'expression faciale des acteurs.

Là ok. Mais j'entendais pas ça du tout avant. Mais on d'accord pour dire que c'est du mauvais cinéma, et que le réal est nul, s'il fait un film qui équivaut à la captation d'une pièce de théâtre.

30 ? C'est du privé ça ? Moi j'arrive souvent à m'en sortir entre 10 et 20 euros (grand max), après c'est injuste mais je connais du monde alors j'ai souvent des invits, c'est mon métier aussi. Et Gravity je crois m'a couté 14 euros... (je n'ai pas de carte cinéma), et le théâtre n'est pas piratable... donc oui c'est cher.

Et j'ai pas dit que j'étais le seul à aller au théâtre, bien que je sois mignon, ton accusation était fausse, je parlais du théâtre canap que je n'ai jamais vu en allant au théâtre souvent.

C'est dans la Grande Salle d'un beau Théatre de Lyon. Mais généralement, je vais sur des scènes plus petites au prix bcp plus abordables.

Donc quand tu dis "tu crois que le théâtre c'est un salon et une cuisine", tu ne sous-entends pas que je ne suis jamais (ou très peu) allé au théâtre ? :o)

Va pas falloir me prendre pour un saucisson, non plus.

Mais carrément. Et c'est aussi en ça que de mauvais choix de montages peuvent complètement casser un film.

Globalement depuis que FP, a parlé de théâtre dans je sais plus quel post, oui je me suis dit, ah ben ils y vont pas souvent... et vu les films cités pour parler de théâtre filmé... je me disais tiens il y a un petit amalgame là. Moi non plus faut pas me prendre pour un paté en croute.

Tu peux tout à fait exclure du cinéma, les films qui ne sont pas à ton goût. ça ne regarde que toi. Après, techniquement, le film Le Diner de Cons est un film de cinéma, et la pièce Le Diner de Cons, est une pièce de théâtre. ça dépend où tu l'as vu. Enfin, le texte Le Diner de Cons, est un texte.

Je ne suis pas d'accord avec toi.

Le mec assume toujours pas...

Ah bah tant mieux, j'aime bien être en désaccord.

Tu veux dire quand j'ai parlé du fait que Gallienne était un très bon réalisateur pour un mec du théâtre ?!

Et quand les acteurs de Désplechin parlent face caméra, c'est quoi ?

Ou Kevin Spacey dans House of Cards.

Par exemple.

Dernièrement j'ai vu un truc très troublant... au théâtre, et je ne saurais en faire la critique, tellement c'était... très troublant. Cela dit c'est beau, fin, parfois ennuyant (ce texte n'a jamais été très fun), parfois juste techniquement si parfait qu'on se contente de cette précision, enfin bon. Et ce spectacle/film remet en cause tout ce que chacun de nous a dit aujourd'hui. Je ne voulais pas en parler ici, mais vu notre débat, je pense que c'est intéressant.

mise en scène Katie Mitchellréalisation Léo Warner

C'est en gros l'histoire de Mademoiselle Julie, de Strindberg. Mais du point de vue de la bonne.

Le dispositif scènique est le suivant : on est comme derrière la maison où se déroule l'action, et à l'avant scène il y a plusieurs caméra avec cadreurs (6 je crois), des bruiteurs sonores, des cabines pour voix-off, techniciens, acteurs, enfin tout le dispositif pour tourner un film. Et en haut de la scène il y a un écran géant qui retransmet donc en direct le film qui est tourné en direct devant nous.

Tout ça est d'une précision hallucinante, il y a même une doublure pour l'actrice principale pour certains plan sur les mains, et d'autres choses où la caméra se rapproche du corps. La synchronisation du son et de l'image est juste magnifique, la photographie sublime, et sur le grand écran on assiste à un vrai film, et sur la scène on assiste à tout le spectacle de la construction de ce film, mais on a aussi forcément l'action théâtrale des scènes, différemment bien sûr : on voit les caméramans et les acteurs se déplacer très vite d'un endroit à un autre, les techniciens s'animer pour mettre en place les accessoires de la scène suivante, etc.

Et l'action scénique raconte quelque chose de Mademoiselle Julie, et le film sur le grand écran est aussi magnifique est raconte aussi l'histoire, différement. Et notre regard voyage sans cesse de l'un à l'autre, et les deux ensemble (puisque que tout est ensemble sur la scène) structurent aussi un troisième point de vue.

En tout cas, ça va tourner et je vous le recommande chaudement. C'est dans les théâtres par contre...

Dans le même genre, il y a eu le spectacle Kiss and Cry http://www.theatredurondpoint.fr/saison/fiche_spectacle.cfm/127989-kiss-&-cry.html

Plutôt assez fascinant, mais je trouve qu'on est parfois plus pris par le dispositif technique que par ce qu'on veut nous raconter ou nous dire. J'ai plutôt un petit faible pour les mises en espaces scéniques à la Deschamps/Makeieff par exemple.

La petite pique bien sentie… Finalement, non.