Quelque chose d'assez spécial m'est arrivé ce soir. J'ai pleuré devant un film. Ca arrive souvent, mais cette fois-ci, c'était unique. J'ai pleuré tellement c'était nul.
Je saurais pas expliquer la raison des larmes. Peut-être mon ancien amour pour ce réalisateur. Peut-être mon actuel amour pour cet acteur. De les voir s'afficher, se pavaner, faire les pitres dans ce téléfilm qui a couté 10 000 000 de dollars, cette piètre oeuvre aux couleurs vives qu'on ne daignerait même pas regarder sans le nom du réalisateur écrit en gros sur l'affiche.
Ce film qui sonne le glas d'un réalisateur qui était grand.
On le regarde se ridiculiser depuis 10 ans, certains diront 15, d'autres plus énervés diront 20. Et chaque fois qu'il sort un nouveau film, on accoure, on ne veut pas accepter la dure réalité que cet artiste dont on est tous au moins une fois tombés amoureux dans notre vie ne fait plus que des choses infâmes qui l'aideront à payer sa pension alimentaire.
Ce grand arnaqueur qui continue à exercer seulement parce qu'il a une base de fans assez aveugles pour encore crier au génie dés qu'il nous fait l'injure de sortir un nouveau film, et qui continue à exercer à cause des idiots comme moi qui ne veulent pas s'avouer, comme après une rupture douloureuse avec un grand amour adolescent, que c'est bel et bien fini.
Et puis, on finit par se demander si ce biopic ne raconte pas également l'histoire de sa vie. Si lui aussi a pu charmer tant de millions de spectateurs grâce à un univers qui n'était pas le sien mais qu'il s'appropriait quand même. Peut-être que c'est cela, le véritable message de cette ridiculerie de 110 minutes. Peut-être que le fardeau est devenu trop lourd, et qu'il souhaite enfin se confesser ?
Peut-être également qu'il était visionnaire il y a 20 ans en réalisant Ed Wood et qu'il se disait que telle allait être sa carrière. Un enchainement de films tous plus mauvais les uns que les autres que certains seront assez fous pour qualifier d'artistiques.
Je t'ai tellement aimé, Tim Burton. J'aime tellement Pee-Wee, Beetlejuice, Sleepy Hollow, Mars Attacks. J'aime tellement tes Batman... Putain ! Tes Batman, bordel.
Mais je peux plus endurer ce que tu m'offres tous les deux ans.
Quand j'ai vu Planet of the Apes et Big Fish, j'étais trop jeune et trop aveugle pour me faire un véritable avis que je pourrais avoir aujourd'hui. Mais quand j'ai vu Charlie and the Chocolate Factory, quand j'ai vu l'un de mes livres préférés d'alors être aussi piteusement porté à l'écran, je savais que quelque chose clochait. Malgré mes 12 ans. Mais ça devait être un accident, non ?
Puis j'ai enduré ta vaine tentative d'enfin réaliser TON Nightmare Before Christmas, et j'ai subi Corpse Bride. Mais là encore, j'ai cru à l'accident, grâce à ta superbe envolée lyrique de la scène du piano. J'y ai cru. Je te jure que j'y ai cru. J'ai cru retrouver le Tim Burton que j'aimais tant.
Puis, Sweeney Todd, Alice in Wonderland, Dark Shadows... Tant de films qui ont donné tant de raisons de te détester et de vouloir la mort de ton clown adoré qui ne s'était alors mis à jouer qu'un seul et unique rôle pendant près de 15 ans, rôle que tant de gens pensent attribués au Disney de Gore Verbinski quand il vient en fait du trip halluciné et paranoïaque de Terry Gilliam.
Mais ce n'était jamais aussi atroce, éprouvant et pénible que ça. Ce n'était jamais aussi affligeant que ton Big Eyes qui en 110 minutes arrive à me faire vouloir la mort de Christoph Waltz.
Je pense que je vais arrêter là, et que je me contenterai de découvrir tes prochains bâtards en vidéo, et encore. Je sais pas si ça va être possible.
"What happened to you, man ? Your ass used to be beautiful." --
J'AIME FINALLY
Holding out for a hero ?