Los Angeles, 1967. L'aube de la période New Age, la montée en puissance des Black Panthers, la dénonciation des crimes de guerre au Vietnam, et surtout la création de la murder family de Charles Manson.
On suit les traces d'une jeune paumée, fille de bonne famille, qui décide de fuguer et de rejoindre l'espèce de commune/groupe de hippies/maison de passe en plein air de Charles Manson, sorti de prison depuis peu, mais encore jeune et séduisant (ce qui le rend encore plus vicieux). Les parents de la gosse décident de faire appel à Sam Hodiak (Duchnovny), un flic ami de la famille, pour la retrouver sans faire de vagues (ambitions politiques obligent).
Un peu étrangement, la série n'est pas centrée sur Manson, au final ce n'est pas plus mal. Au début, je trouvais qu'ils abusaient un peu avec leur générique en énormes lettres "David Duchovny in Aquarius". Mais c'est intéressant d'avoir adopté l'angle flicaille ; et pas n'importe quel flic, un vieux, un qui n'appartient pas à the age of Aquarius.
Ça leur permet de caler un peu de procedural (car que serait un show de network sans des "enquêtes" bornées chaque semaine ?), mais ça va un peu plus loin. Ça permet de décentrer, et de faire apparaître Manson comme une espèce de bruit de fond, qui passe après l'amour, la politique et les luttes raciales, un guignol qui veut percer dans la musique, presque insignifiant, un hippie, un oublié.D'aucuns ont crié à l'erreur de casting sur Gethin Anthony, mais je le trouve au contraire extrêmement puissant dans sa normalité.
Le personnage central, joué par Duchovny, est à l'image de la série : le cul entre deux chaises. C'est un flic chevronné, mais il appartient à une époque en passe d'être révolue, et le contraste dans les méthodes et l'état d'esprit apparaît clairement quand il se rapproche d'un jeune qui bosse sous-couverture.C'est un soldat (Seconde guerre mondiale), mais là encore, sa guerre appartient au passé, et il ne comprend pas les réticences de son fils, qui cherche à dénoncer les crimes de l'armée US au Vietnam.Duchovny fait bien son âge, et son personnage lui va comme un gant. Il est sobre, humour pince sans rire, plein de failles qu'il tente de masquer.
Cette série, c'est un peu une comédie qui se veut sérieuse. Parfois, ça ressemble à un cours d'histoire un peu niais, mais quand ils arrivent à trouver la bonne combinaison entre intensité dramatique et révélations historiques, par moments, c'est juste génial. C'est pas toujours très fin, mais les échos, les ramifications historiques et sociales sont à chaque fois passionnants. Tout le monde lutte contre le système, à sa manière, à son échelle. Tout le monde aspire à quelque chose de meilleur, que ce soient les jeunes, les noirs, les homos ou les femmes...
Ils ont en quelque sorte pris Manson comme prétexte pour raconter la société de l'époque. L'un nourrissant l'autre, l'évolution étant symétrique. Parfois les ramifications sont un peu téléphonées (le fait que deux personnages réels et historiques soient visiblement influencés, dans la mauvaise direction, par les agissements de Hodiak, personnage de fiction, me dérange un peu, surtout que c'est tout sauf subtil), mais ils ont tellement à raconter, que c'est excusable.
C'est un peu une série de câble déguisée en série de network. Du coup c'est souvent moche, mais l'ensemble est transcendant par son contenu ; l'écriture est ultra dense, il n'y a pas une seconde de répit. Alors d'un côté, c'est cliché, c'est outré, et d'un autre côté, on est emporté dans un tourbillon qui à défaut d'être réaliste est très franc et très amusant. C'est brut de décoffrage, pas fini sur les bords, mais drôlement entrainant.
Il y a des éléments ultra-chelous que je n'évoquerai pas car ça spoilerait pas mal l'intrigue de fond (qui est bien ficelée), mais on peut dire qu'ils se sont globalement éclatés.
Pour finir, mention spéciale pour la musique, je ne sais pas où NBC a trouvé la thune pour une telle bande son. Cette profusion de son, ajoutée à l'attention portée au détail (voitures, costumes, maquillage même), rend l'immersion vraiment plaisante.
*édité à 21:50 le 28/07/2015 par Nao
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Message n° 4095610, posté par chiiz à 15:03 le 01/07/2015
: C'est un peu une série de câble déguisée en série de network. Du coup c'est souvent moche
L'argument pénible à la longue. Surtout que c'est plutôt un argument bateau sorti pour expliquer une annulation de série qui contrarie.Quant à la seconde partie, tu dois pas regarder les bonnes séries du câble.
Sinon, la série trouve son rythme vers la mi-saison. Meilleur nouveau drama d'un network cette saison.
*édité à 15:45 le 01/07/2015
Message n° 4095635, posté par Nao à 16:10 le 01/07/2015
: L'argument pénible à la longue. Surtout que c'est plutôt un argument bateau sorti pour expliquer une annulation de série qui contrarie.Quant à la seconde partie, tu dois pas regarder les bonnes séries du câble.
Je me suis mal exprimée je crois. Je voulais dire que ça a les ambitions du câble, mais que visuellement, dans la réal, ça n'a pas l'envergure, mettons, d'un Magic City. Par contre dans l'écriture, ils en énormément sous le pied, je trouve.
Bah tout pareil: mille mercis, ta prez est plutôt nuancée et fait hyper envie. C'est probablement le genre de show que je pourrais adorer, si c'est aussi bien que ce que tu décris. Debriefing rapide!
-- Ça mitraille sec!
Message n° 4096815, posté par Nao à 10:00 le 07/07/2015
: Bah tout pareil: mille mercis, ta prez est plutôt nuancée et fait hyper envie. C'est probablement le genre de show que je pourrais adorer, si c'est aussi bien que ce que tu décris. Debriefing rapide!
Merci pour les compliments ! J'espère que tu ne seras pas déçu du coup :')
Message n° 4102112, posté par 12.58 à 15:50 le 28/07/2015
NBC va essayer de vous vendre Aquarius comme une série au mode de diffusion révolutionnaire qu’on peut suivre en visionnage glouton et en rythme hebdomadaire traditionnelle avec une version américaine et une version européenne moins censurée. Car c’est bien connu, en Europe, on fume, nos femmes se baladent seins nues, et on ponctue toutes nos phrases par un ‘putain-de-bordel-de-merde-de-mes-couilles’. Alors, on veut que les personnages de séries fassent de même, putain-de-bordel-de-merde-de-mes-couilles !
Bilan, pour moi, après avoir enfin vu tous les épisodes de la saison: on navigue entre le pas mal et le rasoir. Le climat est pas inintéressant, l'histoire avec Manson aussi, mais tout ça tire terriblement à la ligne. Je n'ai pas trouvé que la série avait un ton particulier, et Duchovny, que j'aime pourtant bien, porte un peu le truc à bouts de bras. J'étais le client idéal pour ce genre d'histoire, mais je reste sur une impression un peu mitigée. (Bon, on ne passe quand même pas un moment désagréable, hein!...)
-- Ça mitraille sec!
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Message n° 4103135, posté par kelidric à 11:26 le 03/08/2015