Y a pourtant assez peu d'ambiguïté lorsqu'elle lui rend visite la première fois. Ça me semblait assez explicite que c'est une secte qui a dérapé et dont elle a subi des sévices.

Je sais pas, c'est ta perception. Pour moi, quand elle mate du porn, je pense qu'en fait, elle allait simplement voir le site pour lequel sa soeur travaillait et que ça provoquait un intérêt et un trouble en elle, précisément parce qu'elle n'était pas coutumière du fait. Je peux me tromper. J'ai pas trouvé qu'il y avait une atmosphère qui disait "fucked up". La scène est assez belle et réussie puisqu'on perçoit son trouble, il me semble, mais pas de manière spécialement malsaine. C'est une scène rare puisque c'est quelque chose qu'on voit très peu à l'écran, voire jamais, on a l'habitude de voir des mecs mater du porn, des nanas, pas souvent.

Après, je ne sais pas si avoir été violée dans ton enfance te conduit particulièrement à "kiffer le sexe"... C'est une opinion toute personnelle que tu nous délivres là. Plutôt à avoir un rapport contradictoire, difficile avec le sexe et les hommes en général, je pense. C'est ce qu'on comprend depuis le début avec Ani. C'est pas particulièrement original, je te l'accorde, mais enfin pourquoi pas, ça correspond malheureusement quand même à la réalité de très nombreuses femmes et jeunes filles. Les visions de son agresseur durant sa prise de MD ne sont pas non plus super subtiles et pas forcément nécessaires, mais ça se tient plus ou moins.

Je persiste à penser que c'est toi qui en fais un comportement exceptionnel uniquement dû à un traumatisme enfantin et non le traitement qui en est fait dans la série :)

Je reconnaissais que c'était pas particulièrement original, sûrement pas que c'était cliché ou caricatural. Je ne le pense pas une seconde. Pardon, par ailleurs, si j'ai altéré tes propos, c'est ce qui ressort pour moi de leur lecture.

Une réaction, non. De la simple curiosité. C'est dans le deuxième épisode, après la descente sur le lieu de travail de sa soeur dans le premier épisode, elle va faire un tour sur le site (California Angels, si mes souvenirs sont bons, un truc du genre) pour voir de quoi il retourne. C'est vraiment comme ça que je l'ai interprété. En tout cas, rien ne nous autorise à penser que c'est une pratique régulière chez elle. Spéculation, votre honneur. Et sinon, tout le monde "kiffe le sexe" en vrai. Elle est simplement entravée dans sa kiffance par un passé douloureux.

Pour les critiques véhémentes, je sais pas, je les lis pas. Bon, c'est pas des cons pour cracher sur à peu près tout et n'importe quoi qui manquent sur le web (le plus drôle restant les papiers qui s'appuient sur quatre tweets de râleurs pour bâtir un argumentaire comme on en a vu passer un dans le topic précédemment), mais je te fiche mon billet que c'est la même engeance qui pointait du doigt la saison 1 pour sa supposée misogynie, qui se retrouve bien conne avec ce beau personnage féminin et qui donc se doit de trouver quelque chose pour continuer sa litanie, ce sera donc maintenant une vision convenue et caricaturale de la femme, bla bla bla. Mais c'est pour moi une vue de l'esprit totale et du pur sophisme, puisque ce n'est pas ce que je vois à l'écran.

Bref :)

Exactement :)

Evidemment.

Oh, c'est très gentil :)

Quand je me suis relu, j'ai espéré avoir des réactions au moins sur les fautes d'orthographe et les phrases incomplètes. Même pas, juste hors là.

Bon. Tout le monde, c'est un peu exagéré, quand même. Des tas de personnes ne kiffent pas ça, sans pour autant que ce soit consécutif à un traumatisme ou une névrose quelconque.

Un grand incompris.

Si mater du porn n'est pas nécessairement malsain, il n'en demeure pas moins que le porno est bel et bien malsain.

C'est pas pour provoquer du tout, tu peux développer, ça m'intéresse. La deuxième partie de ta phrase.

Sur cette problématique, je conseille la lecture de l'excellent :

Ou de la difficulté d'être homo en milieu rural-prolétaire (Petit village de Picardie)

Pétain, truc de dingue.

On (probablement un copain prof comme toi) m'en a parlé il y a pas mal de temps, et j'avais été un peu (stupidement, comme toujours) réfractaire.

Mais comme tu es le second dont je valorise l'avis qui en parle, je vais le lire.

T'inquiète :)

Disons que je ne pense pas le porno malsain en soi. C'est presque le contraire en fait.

En revanche, je pense que notre pornographie actuelle laisse peu de place au respect du consentement, à la liberté, dans la mesure où il souffre de la même idéologie de notre civilisation.

C'est également vrai pour des sujets comme la prostitution ou la gestation pour autrui.

Je pense que l'exemple de la gestation est assez révélateur. Sur les questions qu'on appelle éthiques, si la GPA devait être permise par la loi, elle serait encadrée par elle, et devrait affirmer le consentement éclairé de la personne.

D'accord. Mais le consentement éclairé ne s'oppose pas à la contrainte, dans la mesure où on s'aperçoit que dans tous les pays où elle est autorisée (des US à l'Inde), les mamans sont déterminées par leur situation sociale. Comme pour la prostitution, on peut toujours trouver un exemple de personne qui le fait par choix en dehors de contraintes exogènes, mais ce qui devrait être la règle (la liberté du consentement et non la détermination du consentement) institue un rapport de domination supplémentaire issu de rapports de domination structurels.

Si on déplace le sujet à l'élevage intensif. Qu'on soit pour ou contre, c'est compliqué de manger du poulet en ayant en tête les conditions de son élevage lorsque c'est un poulet issu de l'agriculture intensif. C'est répugnant. Alors qu'il n'est pas répugnant de discuter à table de la manière dont a été élevé un animal lorsqu'il a été élevé de manière éthique (au grand air, avec tel grain etc) - je te l'accorde, du point de vue d'une autre éthique, tout à fait respectable, il est répugnant de tuer un animal tout court.

Sans pousser trop loin l'analogie, regarder la grande majorité du porno sur internet, c'est assister à un rapport de domination. C'est voir d'autres êtres humains (qu'ils soient hommes ou femmes, même si les raisons diffèrent) asservis me semble malsain. Dans le sens où si tu pensais à la réalité des personnes filmées, tu aurais, je l'espère, ce réflexe de répugnance.

Je ne jette la pierre sur personne, ce serait très hypocrite. Seulement, c'est pas plus mal de ne pas oublier que lorsque tu regardes du porno, tu assistes, non pas parce que c'est du sexe, mais parce que tu jouis de personnes qui sont, à certains degrés, moins libre que toi. Tu uses de ton pouvoir sur elles. Donc, oui ce n'est pas une question de morale, mais malsain éthiquement.

Mais en appliquant ce principe à tout, ça devient difficile de vivre dans notre société actuelle. Une bonne partie de nos biens de consommations, des vêtements à la nourriture en passant par les téléphones et les ordinateurs, provient dans une plus ou moins grande mesure de l'exploitation d'autrui. Tout le monde a plus ou moins conscience de l'origine douteuse d'une partie de ses biens mais choisit quand même d'en jouir. On se met volontairement des oeillères sinon ça n'est pas tenable, à moins de vivre dans un monastère.

Je suis pour le porno équitable, attention.

Tout à fait.

Mais aller à dire que c'est éthique (non malsain), c'est faire correspondre la réalité à son intérêt personnel.

Peut-être aussi qu'il est malgré tout plus facile de ne pas regarder de porno en fonction de sa source, que c'est le cas pour le poulet. Ou pour les vêtements, par exemple. Ou, l'avoir à l'esprit, c'est pas mal aussi, ce qui permet de penser une alternative. C'est difficilement évitable de ne jamais porter de vêtements fabriqués par des enfants ou d'ordinateur ou la Coupe du Monde de la Fifa. Mais je pense qu'il y a des alternatives au porno impliquant le profit sur la domination d'autres êtres humains, en particulier parce qu'il est plus facile de se branler sans porno que de faire apparaître des vêtements du néant. Il y a aussi des alternatives comme des livres, des bd (françaises, japonaises, etc), des images, des films érotiques à pornhub.

Et on ne peut pas à la fois :

- penser qu'on ne peut changer les choses du jour au lendemain parce que : "rationnellement, l'histoire a montré que et bla bla bla"

- penser que faire les choses petit à petit est stérile puisqu'on ne sait pas par quoi commencer ; penser que c'est la nature humaine.

C'est une triple négation, là.

Je suis un réaliste et un pessimiste.

Tiens, on est pile dans le sujet de la série, la philosophie de Pizzolatto et ses thèmes favoris : nous sommes tous mauvais et hypocrites à ce sujet. La vision chrétienne de la vie : elle est profondément injuste et nous sommes responsables.

On déplore le traitement qui est fait aux femmes dans l'univers de la série (ou dans la série pour certains), on est très prompts à insulter les participants à l'orgie de "pervers", de ci, de ça, mais, consommer du porno (à un degré moindre, mais et alors ?) est sensiblement la même chose : produit par le même système, dans les mêmes circonstances, pour la même utilisation.

Les acteurs des films pornos sont régulièrement drogués comme dans l'orgie pour les mêmes raisons.

D'un certain point de vue, regarder un porno, c'est regarder l'orgie à travers des caméras et se faire plaisir.

Oui. D'accord. Vois ça comme la grande distribution, alors, si tu veux. Y a plusieurs produits, plusieurs enseignes. Mais en fait, on est contraint d'aller à Carrefour ou Lidl. Tu peux l'étendre aux vêtements, dire qu'il y a des chaînes plus ou moins équitables et qui ne font pas travailler les enfants, et qu'on est pas obligés d'aller chez Gap.

Il y a en effet des productions peut-être plus équitables que d'autres, mais si on se penche sur l'origine sociale des acteurs, c'est pas les héritiers de la couronne d'Angleterre.

De plus, les conditions de travail sont aussi exécrables que dans n'importe quelle entreprise, et la grosse majorité des acteurs ne gagnent pas assez pour vivre, malgré le rythme soutenu.

Et, si dans ces productions, le statut des femmes est relativement bien protégé (considérant leur place actuelle dans la société), il n'en demeure pas moins qu'elle ne représente pas vraiment une proportion importante, bien que non négligeable, de la profession.

Je ne sais pas qui paye actuellement pour du porno, pas mal de personnes, j'imagine. Mais la plus grosse part de la fréquentation des sites pornographiques sur internet est occupée par les sites gratuits... Donc quelqu'un doit sûrement payer pour.

D'autant plus que comme on en fait l'expérience régulièrement, internet est difficilement contrôlable. Avec beaucoup de bénéfices, bien sûr. Mais comment s'assurer, tu le dis toi-même, de ce que l'on consomme ? Même sur des sites legit.

Je sais pas si tu as vu par exemple le Last Week sur les enseignes de vêtements, justement. Les écrans ne nécessitent pas une grande dextérité juridique ou informatique.

Même si tout était legit dans le porno, ce ne serait pas moins aliénant que dans n'importe quelle entreprise. Partant que c'est un secteur, pour des raisons culturelles, qui a toujours été mal contrôlé (souvent pour des questions de moeurs à la place de questions éthique), c'est du profit, du profit sur quelque chose qui est a priori indissociable d'une personne et dont l'exploitation par d'autres est déterminé à la fois par ton origine sociale et la place de ton sexe dans la société.

Encore une fois, ce ne sont pas des accusations et ce n'est pas une critique essentialiste de la pornographie, mais il ne faut pas non plus jouir par l'entremise de la néantisation d'énormément de personnes réelles et le balayer sous le tapis.

Que toi, ou Pliskin, ou Baje, ou Batefer ou moi-même consommions du porno équitable ou que je sais-je ne change pas la réalité d'un système malsain.

* Il me semblait quand même avoir précisé plusieurs fois que je ne parlais pas du porno en soi, mais du porno existant.Tu peux nuancer si tu veux en disant qu'il n'existe pas un porno mais des bons et des mauvais, comme tous les hommes politiques ne sont pas corrompus par leur intérêt personnel, mais nuancer avec 5cl de blanc dans un bidon d'1l de noir, il y a du blanc, et à terme, la peinture peut devenir de plus en plus blanche, mais pour l'instant la peinture est généralement noire.

Je ne sais même pas ce que ça veut dire. Si tu parles des professionnelles jouissant du cadre (tout relativement) protecteur du Code du travail français, peut-être.

J'imagine que même en France, les acteurs sont parfois payés au black, ou travaillent dans des conditions clandestines.

Et même si la France était pour quelques raison le paradis du hardeur, le monde autour existe, surtout qu'il est portée de clics.

Le sexe demeure malgré tout un des seuls gros habitués historiques de la prohibition à pouvoir être numérique (difficile de consommer des narcotiques numériquement).

Selon l'article de Forbes d'où est tiré ce chiffre, les revenus sont surestimés de presque plus d'1 milliards en étant généreux et les profits seraient de 520 millions max.

Ça, ce sont les chiffres de l'industrie. Mais ce ne sont pas ceux de l'économie du porno évaluée à 40 milliards de dollars.

Pour poursuivre, la réduction des coûts pour augmenter les profits n'épargne pas le Porno.

En écho à life's a bitch, j'ai envie de dire good for you.

Merci pour le conseil, je vois ce que c'est, pourquoi pas en effet.

Tiens, à mon tour je te conseille un truc que je viens de lire. Je te le conseille pour plusieurs raisons, d'abord parce que c'est super, ensuite parce que t'es prof d'histoire et enfin que, si mes souvenirs sont bons, tu es fan d'Un Pays à l'aube de Lehane.

http://www.ladernieregoutte.fr/livres/la-bombe/

Ça va te plaire.

T'as tout bon. Merci, je vais essayer de me le trouver fissa pour l'embarquer en Italie.