Raska a dit le 20/12/2019 à 13:58
:Je pense qu'on aurait presque pu rajouter à ta liste Mine Flanagan qui réinvente assez efficacement le cinéma d'horreur classique. Mais c'était avant son
Doctor Sleep tout pété que ne risque pas de rattraper le
Director's cut annoncé.
Non, quand même, on ne boxe vraiment pas dans la même catégorie, là...
J'aime bien Flanagan et j'ai beaucoup aimé Dr Sleep, mais Flanagan n'a pas une once de génie en lui.
C'est un fabuleux artisan, un excellent faiseur. C'est un très bon académicien. Tout ce que tu veux. Mais ses films, ça ne reste que ça : des films sans génie. Il sait tenir une caméra, faire un montage, tenir un film sur la longueur, tenir son rythme, tout ça, mais je me dis jamais devant ses films "wow". Je ne suis jamais surpris par autre chose que le scénario, quand celui-ci est surprenant.
Il prend les codes actuels et parvient à les rendre meilleurs qu'ailleurs, certes, malgré parfois une certaine profusion de jumpscares très putassiers. La sobriété de sa réalisation est assez souvent rafraîchissante. Mais on n'est vraiment pas dans la même catégorie de réalisateurs et de films.
Et c'est déjà très bien hein, attention. Si la moitié des réals en activité pouvaient avoir son talent, ce serait déjà super. Mais ce n'est pas un génie, un révolutionnaire.
Lorsque je dis qu'Aster et Eggers sont des génies, je pèse mes mots. Hérédité est à mes yeux le meilleur film d'horreur des années 2000-2010, et Midsommar est une expérience inoubliable et jamais vue auparavant, si bien que je ne peux toujours pas classer le film dans une catégorie en particulier tant il semble constamment inventer son propre genre pendant 2h30.
Si The VVitch, à l'époque de sa sortie, était un excellent film d'horreur, le meilleur de son année de mémoire, et surtout quelque chose de terriblement efficace avec des scènes très fortes et un style ainsi qu'une direction d'acteurs bien à lui, The Lighthouse semble déjà être un tournant dans la carrière d'Eggers puisqu'il y réalise un quasi sans-faute (il faut que je le revoie, ce n'est pas un film à voir une seule fois).
A l'image des deux films d'Aster et en particulier du premier, il est assez incroyable de découvrir combien Eggers maîtrise son sujet et son film comme s'il avait une carrière de 50 films derrière lui.
Je ne dis jamais ça à la légère, et je crois même l'avoir jamais dit, mais j'y ai vu du Kubrick. J'y ai vu du 2001 et du Shining. Pas seulement dans le montage et les différents parallèles évidents que l'on peut établir, mais aussi dans ce rythme, cette maîtrise, et cette construction.
On a l'impression que la caméra est toujours au bon endroit, que la lumière sait toujours où se placer. Le travail sur le son est phénoménal, et je n'ai même pas besoin de préciser que les performances des deux acteurs sont dantesques.
Pour en revenir aux jumpscares, on peut justement établir un parallèle avec ce que je disais plus tôt à propos de Flanagan et ce que je pense du reste du cinéma : il n'y a qu'un seul et unique jumpscare dans tout le film. Et j'ai sursauté. J'ai sursauté au cinéma pour la première fois depuis je ne sais pas quand. Et ce n'est pas le seul moment de frousse ou d'angoisse, loin de là.
Je semble dithyrambique, mais c'est ce à quoi ce film invite, et c'est ce à quoi ces deux hommes, qui semblent d'ailleurs amis dans la vraie vie, invitent. Dans la forme, c'est pas loin d'être le meilleur film de l'année. Je ne crois pas qu'un film cette année soit mieux photographié, mieux cadré, et mieux mixé que celui-ci. Pas même Midsommar.
C'est du très grand cinéma, et ça fait vraiment du bien en cette pauvre année de cinéma, l'une des pires depuis plusieurs années à l'instar du cinéma hollywoodien qui a atteint en 2019 des records de médiocrité.
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J'AIME FINALLY
Holding out for a hero ?
*édité à 15:52 le 20/12/2019