Dix-huit ans après les événements de Matrix Revolutions, Thomas A. Anderson (alias Neo) ne se souvient plus de rien et mène une vie d'apparence normale à San Francisco. Il se rend régulièrement chez un psychiatre à qui il raconte ses rêves étranges et qui lui prescrit des pilules bleues. Après la réapparition de visages familiers et en quête de réponses, Neo repart à la recherche du lapin blanc. Il rencontre un certain Morpheus, qui lui offre le choix entre rester dans la Matrice et prendre son envol.
Le problème c'est pas tant le scénario, qui est ce qu'il est et vaut ce qu'il vaut dans le cadre d'une suite-qui-dénonce-les-suites (du moins dans sa première moitié) que la réalisation, qui sonne vraiment comme un renoncement par rapport aux films précédents, qui tenaient et tiennent toujours la route du strict point de vue formel, quoi qu'on pense du fond.
Là, durant les scènes d'action, on a une succession de gros plans sur les visages et de shaky cam du pauvre, on ne bite rien à la façon dont la plupart des combats se déroulent la plupart du temps.
Le pauvre Keanu Reeves doit être fatigué de son entraînement pour les John Wick puisqu'il peine à lever la jambe pour faire illusion. Quand Neo dit "Je connais toujours le kung-fu", j'ai ri intérieurement. You don't know shit, man. Du coup, pour l'épargner, ils ont troqué les arts martiaux contre des projections d'énergie, ce qui est lassant très vite, très fort.
Le directeur de la photo a changé et ça se voit aussi, l'image est beaucoup plus plate et standardisée Hollywood, très regrettable.
Sur le fond, l'histoire reste une proposition assez originale de faire une suite (c'est une *vraie* suite et pas un reboot), moins noyée dans des pamphlets philosophico-verbeux que les précédents opus, plus directe et démonstrative, finalement plus simple, malgré l'intention annoncée de saborder la franchise qui ne survit pas à l'obligatoire scène de poursuite/bagarre finale qui ne s'élève jamais à la hauteur du mythe (du moins au sens figuré).
Le concept de faire de la franchise Matrix un jeu vidéo dans la "vraie" Matrice part je trouve d'une bonne intention, c'est une idée plutôt futée sur le papier, mais l'abus de flashbacks des autres films nuit considérablement au propos : les images que les personnages projettent sont celles d'un *film*, pas d'un jeu vidéo, comment cela peut-il avoir du sens ?
Les scénaristes m'ont achevé avec l'interminable scène d'exposition de la fin, et Neil Patrick Harris qui explique bien tout, images à l'appui, c'est limite si le film ne nous prend pas pour des idiots, alors que la trilogie se gardait justement bien de fournir toutes les réponses, là on a les explications sur un plateau, c'est très étrange.
La scène de suicide collectif depuis les immeubles m'a fait penser à celle des voitures contrôlées surgissant des parkings aériens dans Fast & Furious 8. Il y a un peu plus de splatch ici.
La scène postgénérique est juste une blague, si certain.e.s lisent avant d'avoir vu le film : n'attendez pas pour rien, c'est au mieux un ultime détournement des codes attendus, au pire du pur foutage de gueule.