Michael Stone, mari, père et auteur respecté de « Comment puis-je vous aider à les aider ? » est un homme sclérosé par la banalité de sa vie. Lors d'un voyage d'affaires à Cincinnati où il doit intervenir dans un congrès de professionnels des services clients, il entrevoit la possibilité d’échapper à son désespoir quand il rencontre Lisa, représentante de pâtisseries, qui pourrait être ou pas l’amour de sa vie…
Une fois n'est pas coutume, il est nécessaire de déconstruire la critique en trois parties : l'a priori, le film en lui-même, et l'a postériori.
A priori, je m'attendais à quelque chose de vraiment mignon (comme si j'avais oublié qui était Charlie Kaufman...), de beau, de joyeux. Une superbe histoire d'amour. Je croyais que le fait qu'il y ait deux acteurs + un pour le reste des voix était un choix, disons, comique.
Dire que le film est déprimant et nihiliste serait un euphémisme. C'est horrible, putain. On en sort, on a envie de se tailler les veines. Mais c'est pourtant tellement vrai. On est tous des poupées en face de poupées qui se ressemblent toutes plus les unes que les autres. En attendant d'en trouver une qui sort du lot. Tout le monde a la même tête, tout le monde a la même voix.
J'ai adoré retrouver certaines idées de Charlie Kaufman qui m'avaient plu dans ses scénarios. J'y ai évidemment retrouvé du John Malkovitch, cela va sans dire. Mais aussi du Eternal Sunshine. Cette séquence de cauchemar n'est pas seulement glaçante, elle est aussi brillante. A l'instar de Stone se rendant compte de son statut de poupée contrôlée (comme quand Joel comprenait et voulait arrêter le processus d'effacement de mémoire), nous nous rendons compte, nous, spectateurs, de ce que nous sommes, de ce que nous faisons.
Putain, qu'est-ce qu'il était déprimant ce film. Aucune lueur d'espoir, rien. Le film commence par un silver lining dont on s'éloigne par un travelling arrière. Voilà ce qu'on quitte. Cette lueur d'espoir, cette lueur de soleil qui traverse des nuages. Ce n'est pas ce qu'on aura. On aura du noir, de l'obscurité.
Et puis, il y a l'a posteriori. Quelques répliques résonnent dans notre tête. Une pensée en ressort. Ou, plus précisément, un complément de pensée, cette pensée que l'on a commencée à avoir durant le film.
Si oui, nous sommes des poupées dépressives et que toutes les autres personnes sont des poupées qui se ressemblent toutes jusqu'à ce qu'on trouve l'amour, peut-être que l'on vit pour ces moments. Ces petits moments de bonheur partagé, ces moments où l'amour nous fait oublier les défauts, les cicatrices, les problèmes de l'autre.
Et au final, le film n'est pas si déprimant que ça. Oui, Stone n'est qu'un dépressif qui a constamment besoin de trouver l'amour pour avoir une lueur de soleil dans sa vie. Mais c'est notre cas à tous. Personne au monde n'est continuellement heureux. On est bien plus tristes qu'heureux, et on cherche perpétuellement ce qui pourrait nous rendre heureux, que cela dure une nuit ou un an.
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Message n° 4148568, posté par Nagawika à 00:49 le 12/02/2016
: Et au final, le film n'est pas si déprimant que ça. Oui, Stone n'est qu'un dépressif qui a constamment besoin de trouver l'amour pour avoir une lueur de soleil dans sa vie. Mais c'est notre cas à tous. Personne au monde n'est continuellement heureux. On est bien plus tristes qu'heureux, et on cherche perpétuellement ce qui pourrait nous rendre heureux, que cela dure une nuit ou un an.
Non.N'est-il pas surprenant que Stone se voit différent des autres lorsqu'il se regarde dans le miroir ? Au moins, à défaut de voir l'humanité dans toute sa beauté, il ne doute pas de sa propre singularité ; C'est déjà ça.
Message n° 4148569, posté par Finally à 01:00 le 12/02/2016
: Non.N'est-il pas surprenant que Stone se voit différent des autres lorsqu'il se regarde dans le miroir ? Au moins, à défaut de voir l'humanité dans toute sa beauté, il ne doute pas de sa propre singularité ; C'est déjà ça.
Non, quoi ?
Message n° 4148573, posté par Nagawika à 01:19 le 12/02/2016
Non, certaines personnes n'ont pas besoin de trouver l'amour pour avoir une 'lueur de soleil' dans sa vie.A aucun moment, la possibilité d'aimer au pluriel est envisagée (Stone est et reste un misanthrope). L'amour est uniquement envisagé comme une relation à deux exclusive, où chacun cherche à se sauver dans l'autre. C'est une bouée de sauvetage pour combler un manque affectif. Au final, même du point de vue de Lisa, seule son amie apparaît à la fin du film à visage humain.
Bref, je voulais juste dire que pour cette raison, à la différence de FP, j'ai eu beaucoup de mal à me projeter dans les personnages mis en avant tout au long du film (Stone, son ex, Lisa, Emily).
0.29
Message n° 4148574, posté par Gan à 01:24 le 12/02/2016
: Si oui, nous sommes des poupées dépressives et que toutes les autres personnes sont des poupées qui se ressemblent toutes jusqu'à ce qu'on trouve l'amour, peut-être que l'on vit pour ces moments. Ces petits moments de bonheur partagé, ces moments où l'amour nous fait oublier les défauts, les cicatrices, les problèmes de l'autre.
Le gars est un dépressif complet, totalement paumé qui culpabilise à mort de son comportement pathologique. Il lui suffit d'entendre une voix qui ne ressemble pas à toutes les autres, de voir un visage qui se distingue enfin du reste pour plonger et croire qu'il va être sauvé. Mais c'est de très courte durée. Le lendemain, tout est fini, le réel reprend le dessus. Comment croire qu'il l'aime un seul instant. Jamais. L'alcool, les médicaments font effet, le réel est distordu. La voix, le visage a disparu, l'illusion a fait long feu.Le monde n'a plus aucune saveur, la maladie a repris le dessus.
: Non, certaines personnes n'ont pas besoin de trouver l'amour pour avoir une 'lueur de soleil' dans sa vie.A aucun moment, la possibilité d'aimer au pluriel est envisagée (Stone est et reste un misanthrope). L'amour est uniquement envisagé comme une relation à deux exclusive, où chacun cherche à se sauver dans l'autre. C'est une bouée de sauvetage pour combler un manque affectif. Au final, même du point de vue de Lisa, seule son amie apparaît à la fin du film à visage humain.
J'ai pas écrit ça.
J'ai écrit que chacun doit chercher des lueurs de soleil pour être heureux, et que dans son cas, c'est l'amour.
Et pourquoi tu parles de visage humain ? Il n'y a pas de visage humain à la fin.
: Bref, je voulais juste dire que pour cette raison, à la différence de FP, j'ai eu beaucoup de mal à me projeter dans les personnages mis en avant tout au long du film (Stone, son ex, Lisa, Emily).
Je ne me projette que dans Stone, pas dans le reste.
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Message n° 4148632, posté par Gan à 13:09 le 12/02/2016
Ca aurait été quelqu'un d'autre, ou tu aurais dit ça à quelqu'un d'autre, on aurait pu croire à du mépris, attention.
Bref, pour revenir sur le film.
Peut-être que c'est parce que je voyais la chose comme ça depuis déjà quelques temps que j'ai vu ça dans le film. Peut-être que mon interprétation est donc complètement biaisée et que ce n'est pas du tout ce qu'on a à en tirer du film.
: Le gars est un dépressif complet, totalement paumé qui culpabilise à mort de son comportement pathologique. Il lui suffit d'entendre une voix qui ne ressemble pas à toutes les autres, de voir un visage qui se distingue enfin du reste pour plonger et croire qu'il va être sauvé. Mais c'est de très courte durée. Le lendemain, tout est fini, le réel reprend le dessus. Comment croire qu'il l'aime un seul instant. Jamais. L'alcool, les médicaments font effet, le réel est distordu. La voix, le visage a disparu, l'illusion a fait long feu.Le monde n'a plus aucune saveur, la maladie a repris le dessus.
A cet instant précis, lors de cette nuit, il l'aime. Peu importe ce qui le pousse à l'aimer, que ce soit l'alcool, les médocs, etc, mais il l'aime. C'est pour ça que je finis ma critique par "que cela dure une nuit ou un an".
Je ne veux pas être cynique au point de penser qu'il n'a jamais aimé, que ce soit son ex, sa femme actuelle, ou Lisa. Je pense sincèrement qu'il les a toutes aimées pendant des durées différentes, mais qu'il a simplement besoin de souvent changer de femme pour ne pas se lasser. C'est un peu un nymphonamour (c).
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Message n° 4148637, posté par Finally à 13:33 le 12/02/2016
: Bref, je voulais juste dire que pour cette raison, à la différence de FP, j'ai eu beaucoup de mal à me projeter dans les personnages mis en avant tout au long du film (Stone, son ex, Lisa, Emily).
Ah mais y a pas de souci. Comme le "Non" me semblait être dissocié de la seconde partie de ton message, je voulais en savoir plus, c'est tout.
Je n'ai pas encore vu le film, mais il est vrai que je suis plus enclin à épouser la vision que déploie FP (identification), et être convaincu par l'analyse de koni (perspective critique), que je voulais savoir ce que contenait ce non.
(C'est pourquoi j'ai très peur de voir ce film, j'ai peur de prendre une claque)
*édité à 13:35 le 12/02/2016
Message n° 4148645, posté par Gan à 13:56 le 12/02/2016
: Ca aurait été quelqu'un d'autre, ou tu aurais dit ça à quelqu'un d'autre, on aurait pu croire à du mépris, attention.
Pour ce que ça pourrait me faire, tu sais.Les gens prennent mes propos comme ils le veulent.De toute façon, ils ne comprendront que ce qu'ils ont envie de comprendre.
J'ai aucun mépris pour tes propos.Je les trouve juste naïfs.Parce que c'est un questionnement que je trouve vain et dérisoire.
: Et pourquoi tu parles de visage humain ? Il n'y a pas de visage humain à la fin.
Dans une des scènes finales. Au moment où Lisa écrit à Stone dans la voiture sur le chemin du retour. Elle tourne la tête à gauche, vers Emily... Qui n'a pas la tête uniforme à l'image de l'ensemble des personnages (le visage qu'elle a à tous les autres moments du film), mais laisse apparaître un joli minoi un peu rebondi. A ce moment, le point de vue n'est plus celui de Stone mais de Lisa.Ou alors je me suis tapée une jolie petite hallu' ; mais ça m'étonnerait quand même
Message n° 4148663, posté par koni à 15:36 le 12/02/2016
: Dans une des scènes finales. Au moment où Lisa écrit à Stone dans la voiture sur le chemin du retour. Elle tourne la tête à gauche, vers Emily... Qui n'a pas la tête uniforme à l'image de l'ensemble des personnages (le visage qu'elle a à tous les autres moments du film), mais laisse apparaître un joli minoi un peu rebondi. A ce moment, le point de vue n'est plus celui de Stone mais de Lisa.Ou alors je me suis tapée une jolie petite hallu' ; mais ça m'étonnerait quand même
Non mais on est d'accord, j'en parle dans ma critique sans spoiler. Mais c'est pas un visage humain, c'est toujours une poupée.
On voit aussi que Lisa a une cicatrice, d'ailleurs.