On est très loin du niveau d'A Single Man. Mais ce que Tom Ford réalise là, dés les premières secondes, est extrêmement fort.

Que ce soit au niveau des 3 timelines suivies avec une limpidité impressionnante, au niveau de la direction d'acteurs qui nous ferait penser qu'il est réalisateur depuis 50 ans, ou au niveau de la réalisation, peut-être encore plus jouissive que celle de son précédent film. Tout est bien. Tout.

La première séquence du manuscrit est époustouflante de maitrise. On a, à la fois, envie que ça continue, tellement c'est beau, et envie que ça s'arrête, tant le suspens paraît insoutenable.

C'est surprenant, captivant, douloureux et triste, le tout dans une classe qui rappelle à chaque plan "ah oui, c'est Tom Ford qui réalise".

Je n'ai pas ressenti autant de choses que devant A Single Man. C'est pour ça que je l'aime moins. Mais le personnage de Jake Gyllenhaal est bouleversant. Le film fait réfléchir, et je pense que le fait qu'on s'attarde bien plus sur Amy Adams que sur lui en rajoute une couche.

Putain, que 2017 commence bien.

Olalalala j'avais totalement zappé que c'était le réal de A Single Man, du coup ça va direct sur ma liste (Gyllenhaal m'avait trop énervée dans Nightcrawler...)

Il y a quelque chose dont j'ai oublié de parler jeudi, alors que ça m'a frappé tout le long. Il y a enormement d'aigreur dans le film, probablement trop, et clairement au détriment de l'émotion. Tom Ford semble vraiment mépriser le milieu de la Mode, avec un M majuscule vu le film.

Pas si épisodique que ça, le film commence très longuement par ça.

Ca ne m'a pas gêné, sincèrement. C'est loin d'être aussi lourd que chez un Inarritu dans Birdman, par exemple.

Et quand je parlais de l'aigreur, je parle aussi du personnage de Jake Gyllenhaal qui est sûrement le personnage le plus aigri jamais écrit.

Ce qui me gêne et ce qui, à mes yeux, manque énormément au film, c'est l'émotion. Et j'en suis souvent venu à me dire que sans cette aigreur, on aurait pu avoir plus d'émotion.

C'est sûrement parce que j'attendais trop d'émotion de la part de Tom Ford avec ce que j'ai pu ressentir devant A Single Man. Et le début du film me laissait penser que j'allais avoir autant d'émotion. C'est un peu comme si j'allais voir un QT en m'attendant à de grands dialogues et que je me retrouvais devant un film muet, je sais pas si tu vois ? D'autant plus que je sortais, la veille, d'A Monster Calls, qui m'a fait chialer pendant littéralement 30 minutes.

Il y a une chose que je ne suis pas sûr d'avoir compris. Sa fille, elle l'a eue avec le Lone Ranger, donc ? Ou elle n'a jamais avorté l'enfant de Jake Gyllenhaal ?

Elle l'a eu avec Armie Hammer. En tout cas, c'est comme ça que je l'ai compris.

Pour ça que j'ai écrit "Mode avec M majuscule".

Heu, oui... T'énerve pas, gars. M'en fous que tu écrives avec ton téléphone.

Je suis pas énervé, je suis dans l'humour. Quand même.

C'est pas donné à tout le monde.

J'ai bien aimé le film, je le mettrais pas sur mon podium mais il y a, notamment dans le récit du roman, un suspense à couper au couteau, et certaines scènes sont presque insoutenables pour moi.

J'ai juste un peu tiqué sur le fait que le personnage de Michael Shannon embarque Jake dans son enquête comme si de rien n'était, comme si c'était la routine. Ça me semble pas très carré tout ça. L'identification dans la même pièce par exemple, j'ai jamais vu ça, et quand c'est en plus suivi de la confrontation directe entre le suspect et son accusateur, je pense qu'un avocat se ferait un plaisir d'exclure tout ça au tribunal. Et enfin l'inspecteur qui fait enlever, par la police, deux suspects pour les conduire à son domicile... ok ? Bref toute cette partie aurait pu être écrite de manière un peu plus réaliste, même si bien sûr on suit une histoire dans l'histoire. N'empêche.

On aurait pu aussi s'épargner la séquence d'ouverture, grand prix du générique le plus WTF de l'année probablement.

Et la fin abrupte me laisse perplexe. Jake se venge en lui posant un lapin et c'est tout ? Je sens qu'un truc m'a échappé. Mais je me suis un peu monté le bourrichon tout seul en m'attendant à un méga twist alors que pas du tout.

Le montage nous dit qu'il est mort. Il ne l'est pas littéralement, puisqu'il envoie des mails, mais métaphoriquement. Elle l'a tué. Il se considère comme mort. Comme ça que je le prends.