Des parents emmènent leurs enfants dans leur maison secondaire près d'une plage afin de se détendre et de se déconnecter. Des amis les rejoignent. Au fur et à mesure que la nuit arrive, la sérénité se transforme en tension. Lorsque des invités — qui n'étaient pas prévus — se joignent au groupe, l'agitation palpable dégénère en chaos.
Bon, j'ai peur que le cinéma de Jordan Peele ne soit pas vraiment pour moi.
Après deux films, j'ai le même sentiment mitigé en dépit de très bons échos critiques en majorité, avec un film qui a les mêmes qualités techniques que Get Out, mais d'encore plus importants points noirs en terme de rythme et de scénario.
Ça commence dès le texte d'introduction et le générique de début, interminables et qui nous introduisent deux concepts sans aucun rapport l'un avec l'autre et dont on n'entendra pas reparler pendant une heure et demie, avant de les voir brutalement réapparaître avec zéro développement.
Puis l'idée forte, qui aurait dû être finalement la seule du film, est celle des doppelgängers mais elle peine à être correctement exploitée. Rien que leur introduction est faite sans aucune tension ni suspense. C'est plat. Ce devrait être un moment absolument effrayant (les gamins démoniaques sont d'habitude un truc qui marche sur moi, pas là), Peele le met en scène entre comédie et home invasion banal. Les personnages restent désespérément apathiques et à peine plus surpris que ça face à leurs doubles.
Ensuite ce qui aurait dû être un grand moment, finalement gâché, se transforme, là encore, en thriller somme toute assez commun, entre scènes de poursuites, de bagarres, de lutte contre l'envahisseur mystérieux, filmées correctement mais sans génie. Un petit film comme You're Next était bien, bien plus efficace sur ce thème.
Mais c'est quand la menace devient globale et que les explications (interminables là encore) commencent que le film m'a définitivement perdu. Ça n'a aucun putain de sens. Malgré une fin plutôt habile au regard de ce qui précède, je suis sorti avec un millier de questions qui n'auront jamais aucune réponse, de la plus triviale (comment diable ont-ils pu se procurer autant de costumes rouges ?) à la plus essentielle (pourquoi tout ça ?).
Je veux bien qu'on me dise que c'est une allégorie, un conte, une fantaisie, mais je déteste qu'on réduise ce qui se présente comme un récit concret à une histoire dont les incohérences sont faites exprès. Donnez-moi du It Follows, il n'y a aucune explication à part "c'est une malédiction" et c'est très bien comme ça, au lieu de blablater pendant des plombes sur le pourquoi du comment alors que ça n'a vraiment aucun sens.
J'ai l'impression que, comme pour Get Out, mais largement amplifié ici, Peele a eu une bonne idée, qui aurait pu faire un très bon épisode de La Quatrième Dimension (tiens tiens), par exemple, mais qu'il s'est senti obligé d'en rallonger la sauce pour en faire un long-métrage dont l'histoire ne tient hélas plus la route.
Je suis plus dur que je l'aurais voulu en fait, il y a de bonnes choses et le film tient techniquement tout à fait la route (réal correcte, belle photo, acteurs bien dirigés), mais comme pour le dernier Halloween, ça ne suffit pas aujourd'hui. Il faut une histoire qui se tienne, et c'est aussi tout le paradoxe que je trouve au film : il propose, encore une fois comme pour son précédent, quelque chose de vraiment original, frais et inédit, et c'est tout à son honneur. Mais quitte à rester dans le cinéma d'horreur (au sens très large), je préfèrerais qu'il fasse quelque chose de moins tiré par les cheveux. Qu'ils retrouvent l'épure et la simplicité d'un John Carpenter de la grande époque au lieu de vouloir à tout prix montrer qu'ils sont des auteurs, que ces cinéastes s'efforcent de sublimer une idée forte au lieu de vouloir en comprimer une douzaine dans un seul film. C'est tout ce que je leur souhaite.
-- je parles pas au cons sa les instruits
Message n° 4285425, posté par Baje à 19:49 le 24/03/2019
Une super ambiance mais alors après la moitié du film, on fait du symbolisme en roue libre et le scénario, lui, il part en live.
Ca fini par défoncer entièrement tout le film et le cliff de fin du film est ridicule, ne tient pas la route en même temps que tout ce qui nous dirigeait vers autre chose. Ca explose en vol et c'est dommage. En plus de ça c'est interminable et les scènes sensées être majeures sont complètement ratées.
-- Si être normal est d'usage, cela revient à abandonner toute chance de progrès. Qui veut être normal ?
*édité à 19:50 le 24/03/2019
Message n° 4285431, posté par FP Unchained à 22:28 le 24/03/2019
Après, je ne dis pas que tu racontes que de la merde. Loin de là. Je me suis retrouvé dans pas mal de choses que tu dis. Mais à vrai dire, j'ai besoin de le revoir, personnellement, avant de pouvoir vraiment me faire un avis, parce que j'estime que jusqu'à l'explication interminable, le film se tient à la perfection. Jusqu'à cette explication, il n'y a pas la moindre fausse note.
L'humour est super bien géré - il disait qu'il avait toujours rêvé voir des noirs dans un film d'horreur pour les voir réagir autrement que comme les héros blancs, mais plutôt réagir "comme des noirs", et je me retrouve beaucoup là-dedans, étant maghrébin. C'est une chose que j'ai toujours pensée devant des films d'horreur et combien il serait drôle de voir le même film mais avec des maghrébins, leurs réactions, leurs clichés, etc - et comme tu dis, il a un talent indéniable dans la mise en scène. C'en est presque bluffant, à vrai dire. Que ce soit dans la gestion de la tension et de l'épouvante du home invasion ou dans l'horreur pure du combat contre la seconde famille, il fait preuve d'une maestria qu'on ne trouve pas chez beaucoup de réals aujourd'hui.
Il arrive à nous surprendre. Combien de fois ça vous arrive d'être surpris aujourd'hui ? Lors du home invasion, je ne savais absolument pas ce qui allait ensuite se passer, comment le film pouvait ensuite durer 90mn de plus. Lors de la chasse de la famille, je ne savais pas non plus. Ca ne devient convenu et carré qu'après la mort des doubles blancs. Pas avant, jamais avant.
Mais oui, y a cette explication longue et bancale qui plombe tout, y a ce twist ending qui ajoute des tooooooooonnes d'incohérences et qui casse une interprétation assez géniale, celle du fait que l'on peut tous devenir aussi sauvages que les doubles dans des conditions extrêmes. Bien que l'interprétation que l'on puisse, au contraire, tous devenir des bourgeois parfaitement civilisés et propres sur soi tout ça tout ça, peu importe notre background, soit également plutôt forte, je préfère largement la première.
Et même au-delà de ça, il existe des questions que l'on est obligés de se poser car nous ne sommes pas Américains, dans un premier temps, et que c'est un film qui a besoin d'être vu plusieurs fois, dans un second temps.
-- J'AIME FINALLY
Holding out for a hero ?
Message n° 4285611, posté par Gan à 18:43 le 28/03/2019
: Après, je ne dis pas que tu racontes que de la merde. Loin de là. Je me suis retrouvé dans pas mal de choses que tu dis. Mais à vrai dire, j'ai besoin de le revoir, personnellement, avant de pouvoir vraiment me faire un avis, parce que j'estime que jusqu'à l'explication interminable, le film se tient à la perfection. Jusqu'à cette explication, il n'y a pas la moindre fausse note.
: Je veux bien que tu m'expliques comment t'arrives à la conclusion que le gamin est un doppelganger.
Il a oublié beaucoup de choses qu'il est censé savoir :
- il ne sait plus comment faire son tour de magie- il ne sait pas qu'il peut être enfermé dans le placard- il ne sait pas de quelle batte son père parle quand il la lui demande
Sa soeur dit qu'il ne parle pas beaucoup (environ 1mn après que sa "mère" l'aie dit à la Servante Ecarlate, d'ailleurs) ou qu'il est dans son monde ou des trucs du genre
Il se comporte de façon bizarre et sort des choses de nulle part qui choquent sa famille "parle à mon anus"
Sa "mère" hurle quand celui qu'on pense être un doppelganger meurt, alors qu'elle en a pas la moindre chose à foutre pour les autres
Je crois qu'il y a d'autres choses mais je ne me souviens plus. Quand je l'ai revu, j'étais très étonné de voir combien d'indices il y avait à ce sujet.
Tout ça, tous ces indices qui ne sont pas sans rappeler les meilleures heures de Shyamalan, et tous les indices de Get Out que l'on remarque la seconde fois, aident à installer Peele comme un réalisateur extrêmement prometteur et à voir son talent dans ses deux premiers films. Mais putain, y a des tonnes de contre-exemples dans ce deuxième film, ce qui n'est pas forcément vrai pour Get Out.
-- J'AIME FINALLY
Holding out for a hero ?
*édité à 14:35 le 14/04/2019
Message n° 4286364, posté par Gan à 14:41 le 14/04/2019
: Tout ça, tous ces indices qui ne sont pas sans rappeler les meilleures heures de Shyamalan, et tous les indices de Get Out que l'on remarque la seconde fois, aident à installer Peele comme un réalisateur extrêmement prometteur et à voir son talent dans ses deux premiers films. Mais putain, y a des tonnes de contre-exemples dans ce deuxième film, ce qui n'est pas forcément vrai pour Get Out.
: On ne peut les comparer que d'un point de vue de la maitrise de leur mise en scène, à mes yeux.
Pourtant, le deuxième visionnage d'Hérédité, te permet de te rendre compte de beaucoup de choses. Pratiquement chaque plan contient un indice et c'est fait de manière encore plus fine que ce qu'à pu faire Peele.
: Pourtant, le deuxième visionnage d'Hérédité, te permet de te rendre compte de beaucoup de choses. Pratiquement chaque plan contient un indice et c'est fait de manière encore plus fine que ce qu'à pu faire Peele.
C'est ce que j'avais dit aussi, et ce que j'insinuais là, peut-être pas assez clairement :